CONCLUSIONS DE LA PRESIDENCE
DE LA CONFERENCE DU G8 SUR L'EMPLOI
KOBÉ, JAPON
28-29 novembre 1997
EVALUATION, PAR LE TUAC, DES RESULTATS DE
LA CONFERENCE
1. Quelques ministres seulement ont assisté
à la Conférence de Kobé sur l'Emploi et elle a reçu
peu d'attention de la part des médias. Elle a subi les conséquences
de l'avalanche de réunions et de sommets sur l'emploi et d'un ordre
du jour insuffisamment ciblé qui couvrait aussi bien les changements
structurels que les différentes étapes de la vie professionnelle
- les jeunes travailleurs, les travailleurs d'âge très actif
et les travailleurs âgés. Elle a également été
éclipsée par l'effervescence qui a précédé
la Conférence de Kyoto sur le Changement climatique qui devait porter
essentiellement sur la question très sensible des objectifs à
atteindre en matière de réductions des émissions de
gaz carbonique (CO²) et qui a commencé ses travaux 48 heures
après la clôture de la Conférence de Kobé.
2. Il est intéressant de remarquer cependant
que, pour la première fois, les représentants des syndicats
et des employeurs ont été invités à présenter
un exposé en plénière. Comme il a été
signalé dans le rapport de ces consultations, préparé
par le TUAC, la plupart des représentants nationaux ont apprécié
ce côté positif. Plusieurs passages des conclusions de la
présidence mentionnent le rôle des partenaires sociaux, les
normes fondamentales du travail, la cohésion sociale et la sécurité
de l'emploi. Ils ont été introduits suite aux remarques formulées
par les représentants syndicaux.
3. Lors de la réunion syndicale préparatoire
qui a été accueillie par la RENGO, les 4 et 5 novembre, il
a été convenu de mettre l'accent sur quatre priorités
énoncées dans la déclaration syndicale écrite
:
- la nécessité de faire valoir le rôle
des syndicats ;
- l'importance à accorder à la qualité
en matière de création d'emplois et l'abandon du concept
de flexibilité négative du marché du travail ;
- la nécessité de respecter les normes
fondamentales du travail ;
- la nécessité de stimuler la croissance
notamment à la lumière de la crise financière asiatique.
4. Comme il a été indiqué, les
représentants des syndicats et des employeurs sont intervenus sous
les auspices de la CISL et de l'OIE dont les contributions sont mentionnées
dans les conclusions. La Conférence "a souligné l'importance
d'encourager encore davantage le dialogue entre les pouvoirs publics, les
travailleurs et les employeurs qui sont les partenaires indispensables
des activités de production d'une économie de marché,
afin de relever les défis auxquels sont confrontés les gouvernements
de chacun des pays" (§ 6). La nécessité, pour "les travailleurs
et les employeurs, de partager les fruits de l'activité économique"
(§ 6) est également mise en évidence de même que
le rôle des partenaires sociaux en matière de "modernisation"
(§ 11) et de fixation des salaires (§ 14). Il est fait état
du rôle des parties intéressées en ce qui concerne
l'emploi des jeunes (§ 18) et la nécessité, pour les
conventions collectives, de prendre en compte les congés-formation
et l'apprentissage à vie (§ 21). Le TUAC va chercher à
faire en sorte que l'habitude soit prise d'inviter les partenaires sociaux,
qu'ils soient présents aussi lors de la prochaine Conférence
sur l'Emploi à Londres, en février, et qu'ils participent
à la mise en oeuvre des plans d'action nationaux qui ont été
publiés parallèlement aux conclusions de la présidence.
5. En ce qui concerne le débat sur la qualité
de la création d'emplois et la réorientation de la réforme
des marchés du travail en vue de s'écarter du concept de
flexibilité rudimentaire du marché du travail, quelques progrès
ont également été réalisés. Suite à
l'exposé syndical, il a été rajouté un objectif
concernant "l'harmonisation de l'efficacité économique et
de la cohésion sociale afin que l'accroissement de la flexibilité
soit compatible avec la sécurité de l'emploi et sa qualité"
(§ 7 d). Dans les conclusions, l'accent a été mis sur
"l'employabilité" des travailleurs par le biais de l'acquisition
de compétences, sur les mesures actives visant le marché
du travail et sur l'apprentissage à vie (§ 13, 20, 21). Ces
sujets seront repris lors de la Conférence de Londres. Le ton de
ces passages est bien différent de celui des appels lancés
à l'occasion du Sommet de Denver, en faveur de la déréglementation
des marchés du travail européens.
6. La mondialisation et les normes fondamentales
du travail n'ont été que rapidement mentionnées dans
les conclusions. Les ministres ont réaffirmé leur "engagement
à respecter les normes fondamentales du travail reconnues à
l'échelon international et attendent avec intérêt les
résultats des travaux en cours à l'OIT à ce sujet".
Quoique les conclusions aient brièvement rappelé l'importance
de la politique macroéconomique, la crise financière qui
s'amplifie en Asie n'a pas été mentionnée malgré
les circonstances dans lesquelles elle a pris place et ses conséquences
éventuelles sur l'emploi.
7. En ce qui concerne les changements structurels,
les passages des conclusions qui ne traitent pas des marchés du
travail, semblent refléter tout à fait le ton du débat
qui se déroule au Japon, le pays hôte. L'accent est mis avec
insistance sur la nécessité de déréglementer,
d'encourager les petites et moyennes entreprises et d'inciter les travailleurs
à s'établir à leur compte. On a l'impression de revenir
au débat des années 80 dans d'autres pays de l'OCDE.
8. Peu de nouveautés ont été
signalées en matière de chômage des jeunes hormis l'initiative
de l'OCDE dont il est fait état. A propos des travailleurs âgés,
pour la première fois on a amorcé le débat sur l'incidence
du vieillissement de la population active. Il est maintenant question,
à la faveur d'une nette réorientation, d'encourager l'emploi
continu des travailleurs âgés. Quelques conséquences
ont été tirées en termes d'amélioration des
conditions de travail des travailleurs âgés.
9. Hormis les conclusions, une série de principes
d'action nationaux volontaires ont été convenus ainsi qu'un
ensemble de domaines de coopération pour l'avenir. Un lien a également
été établi avec la prochaine Conférence sur
l'Emploi qui se tiendra à Londres, sur la question de "la croissance,
l'employabilité et l'intégration". Comme nous l'avons fait
observer, le TUAC fera en sorte d'assurer le maintien de la participation
syndicale à ces conférences et que l'accent soit mis sur
la nécessité de trouver une "troisième voie" en matière
de réforme du marché du travail afin d'éviter un taux
de chômage élevé ou la pauvreté des travailleurs.
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