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COMMUNIQUÉ DE LA RÉUNION DU CONSEIL DE L'OCDE AU NIVEAU MINISTÉRIEL
26-27 mai 1999
ÉVALUATION Par le Secrétariat du TUAC
Synthèse
1. La réunion de 1999 du Conseil de l'OCDE au niveau ministériel
a été présidée par le ministre mexicain des
Finances (l'Italie et la Pologne étaient à la vice-présidence).
Les six thèmes principaux à l'ordre du jour de la réunion
étaient les suivants : perspectives économiques et
impératifs économiques ; le système multilatéral
et le nouveau cycle de négociations commerciales de l'OMC ; les
problèmes de la gestion des affaires publiques ; les relations de
l'OCDE avec les pays non membres ; l'Europe du Sud-Est ; et le développement.
La réunion a été dominée par les discussions
concernant les perspectives économiques et l'ordre du jour (y compris
les normes du travail et l'investissement) de la réunion ministérielle
de l'OMC qui se tiendra à Seattle en novembre 1999.
2. S'inspirant de l'initiative des années précédentes,
Donald Johnston, Secrétaire général de l'OCDE a organisé
des consultations plus larges que les années passées, avec
les partenaires sociaux. Ces consultations se sont déroulées
sous la forme d'un dîner de travail avec les principaux ministres
et certains responsables des directions de l'OCDE, la veille de la réunion
ministérielle, indépendamment de consultations conjointes
TUAC/BIAC avec les ministres.
3. La réunion ministérielle a été précédée
par un « Dialogue Spécial » d'une demi-journée
avec quelques pays non membres (Argentine, Brésil, Chine, Inde,
Indonésie, Russie, Slovaquie et Afrique du Sud). En coopération
avec la CISL, le TUAC a fait participer à la délégation
syndicale le Secrétaire général du Conseil national
des syndicats d'Afrique du Sud. Il est intervenu activement dans les consultations.
Résultats de la réunion du Conseil de l'OCDE au niveau
ministériel
4. Le communiqué diffusé à la fin de la réunion
a mis en évidence le nouveau programme sur la nécessité
de mettre en place un système de gestion des marchés mondiaux,
même si les politiques se doivent encore de refléter pleinement
les nouvelles réalités découlant des dernières
crises de la mondialisation. Par rapport aux années précédentes,
les ministres ont insisté davantage sur la nécessité
d'une « croissance plus forte et plus équilibrée
» dans les grandes régions de l'OCDE compte tenu de profils
de croissance médiocres dans la zone OCDE et dans l'économie
mondiale en général. Bien que ne répondant pas à
la demande formulée par les syndicats pour la création d'une
Commission internationale chargée d'élaborer une nouvelle
architecture de gestion des marchés financiers mondiaux, les ministres
ont déclaré qu'il était nécessaire de maintenir
la dynamique du renforcement de l'architecture financière internationale
afin de « garantir un environnement stable favorable à la
croissance et à la reprise ». En ce qui concerne la Stratégie
de l'OCDE pour l'emploi, les ministres ont fait état de la nécessité
de « mettre en oeuvre de manière soutenue un ensemble complet
de réformes conforme à la Stratégie pour l'emploi
». Un certain nombre d'interventions ont indiqué qu'il était
nécessaire d'adopter de nouvelles stratégies d'amélioration
des compétences compte tenu de l'accélération de l'évolution
technologique.
5. Les ministres ont été divisés sur la question
de l'ordre du jour de la prochaine réunion ministérielle
de l'OMC à Seattle, et craignent de perdre l'occasion d'avoir
un débat public sur les effets de la mondialisation. D'une part
le communiqué souscrit à la nécessité d'un
nouveau cycle de négociations commerciales devant être mené
à terme « de préférence dans un délai
de trois ans », en vertu du fait que rien n'est arrêté
tant que tout n'est pas fixé et qu'il faut prendre en considération
les besoins des pays en développement. D'autre part, des désaccords
importants sont apparus à propos de l'inclusion de nouveaux thèmes
dans le cycle de négociations, qui dépassent largement le
« programme incorporé ». Il y a eu accord sur la nécessité
d'élargir les possibilités dans le domaine des marchés
publics et surtout, sur le fait que les futures négociations commerciales
devront tenir compte des questions d'environnement. Cependant, en ce qui
concerne l'investissement, les ministres n'ont plus évoqué
la possibilité de transférer à l'OMC le débat
sur les questions d'investissement. Le texte adopté a simplement
mentionné que les travaux du programme de travail de l'OMC sur le
commerce et l'investissement ont été « constructifs
» et pourraient servir de base pour dégager un consensus sur
les « recommandations qu'il conviendrait de faire » à
la réunion de Seattle. De ce fait, toutes les références
aux travaux futurs de l'OCDE en matière d'investissement ont été
abandonnées et il n'est plus précisé, en particulier,
que le réexamen des Principes directeurs de l'OCDE à l'intention
des entreprises multinationales représente « une priorité
importante pour l'Organisation ». En ce qui concerne la politique
de concurrence et le nouveau cycle, on a abouti au même résultat
que pour l'investissement.
6. La fracture s'est accentuée entre les pays de l'OCDE au sujet
des problèmes qui se posent quant à la manière d'aborder
les droits fondamentaux des travailleurs dans le cadre de l'ordre
du jour de la réunion de Seattle. Lors du débat de cette
question, une nette majorité de ministres ont confirmé la
nécessité, pour l'OMC, de traiter de la question des droits
fondamentaux des travailleurs. Mais une minorité de gouvernements,
conduits par le Mexique à la présidence, ont réussi
à bloquer cette décision. L'objectif du TUAC était
de faire en sorte que les normes du travail soient traitées de la
même manière que l'environnement dans le communiqué
c'est-à-dire que les futures négociations commerciales tiennent
dûment compte des questions d'environnement. Ce résultat n'a
pas été obtenu mais la formulation définitive propose
un cadre pour la poursuite des travaux. Elle reprend certains éléments
des conclusions de la réunion ministérielle de Singapour
en 1996 tout en ajoutant que les ministres se félicitent des travaux
de l'OIT visant à promouvoir la déclaration de 1998 et approuvent
la coopération entre les secrétariats de l'OIT, l'OMC et
l'OCDE dans ce domaine. Ils ont « souligné l'importance de
faciliter une plus large compréhension des problèmes en cause
dans les pays membres et entre ceux-ci ». Le dernier point fait indirectement
référence aux prochains travaux de l'OCDE en vue d'actualiser
le rapport de 1996 sur le Commerce, l'emploi et les normes du travail.
Les ministres « ont reconnu également que la promotion du
respect des droits du travail et la libéralisation des échanges
et de l'investissement contribuent, tout comme une bonne gestion des affaires
publiques, à l'amélioration générale des conditions
de vie ».
7. Les divergences de vue à propos de Seattle et non pas simplement
des normes du travail sont significatives. Par exemple, étant donné
qu'un certain nombre de pays en développement ont exprimé
leur opposition à la prise en considération, par l'OMC, des
questions d'investissement et qu'aucun consensus ne s'est dégagé
parmi les pays de l'OCDE, les chances d'assister, à Seattle, au
lancement de négociations sur un nouvel accord multilatéral
sur l'investissement, s'amenuisent. Le fait qu'une majorité de gouvernements
de l'OCDE soient en faveur d'un lien entre échanges et normes du
travail révèle un certain progrès. L'argumentation
de certains ministres qui prétendent que la volonté d'établir
un lien entre les échanges et les normes du travail relève
d'une attitude protectionniste, semble trouver de moins en moins d'écho.
En outre, l'appel des ministres en faveur d'une « politique active
et constructive de communication et de consultation avec la société
civile » sur « les avantages et les enjeux de la libéralisation
» est une nouvelle reconnaissance du fait qu'il faut donner une dimension
sociale aux marchés mondiaux.
8. Le sujet de la gestion des affaires publiques a été
approfondi et considéré « indispensable pour renforcer
la démocratie pluraliste et favoriser le développement durable
». Les ministres ont demandé à l'OCDE de lancer une
initiative en matière de « bonne gestion des affaires publiques
» tenant compte de ses travaux relatifs à la gestion du secteur
public, la lutte contre la corruption, la réforme de la réglementation,
le gouvernement d'entreprise, les principes d'éthique dans la vie
publique, les administrations locales et régionales et le travail
en cours sur les indicateurs des progrès réalisés,
au niveau mondial, dans le domaine de la gestion des affaires publiques.
Les ministres ont approuvé les Principes de l'OCDE relatifs au gouvernement
d'entreprise qui comprennent un chapitre concernant les parties prenantes.
Dans le cadre d'une initiative séparée, l'OCDE et la Banque
mondiale sont convenues d'établir un Forum mixte sur le gouvernement
d'entreprise, d'améliorer les structures pour le développement
et le dialogue sur les mesures à prendre aux niveaux régional
et national et de créer en particulier un nouveau Groupe consultatif
relatif au secteur privé. Le Secrétariat du TUAC cherchera
à faire en sorte que ce travail comporte à la fois une dimension
sociale et une participation institutionnelle pour les syndicats au sein
des nouvelles structures relatives au gouvernement d'entreprise.