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RÉSULTATS DU SOMMET DU G8 DE COLOGNE ÉVALUATION DU TUAC
Juin 1999
1. Le sommet des "dirigeants" du G8 qui s'est tenu à Cologne
a été précédé par une réunion
des ministres des Finances du G7 quelques jours auparavant, qui a lancé
une nouvelle initiative en matière d'allégement de la dette
pour les pays les plus pauvres mais n'a pas réussi à prendre
de nouvelles initiatives importantes afin de re-réglementer les
marchés financiers et de réformer l'architecture financière
mondiale. L'opinion la plus répandue parmi les ministres des Finances
et les responsables des Banques centrales est que le système financier
et économique mondial s'est stabilisé depuis la quasi débâcle
de 1998. Le sommet des "dirigeants" du G8 a diffusé une "Charte"
séparée sur les objectifs et les ambitions pour l'apprentissage
à vie mais malgré cela, la réunion a été
plus positive au niveau de ses résultats politiques qu'économiques.
Ce fut l'occasion du rétablissement de relations entre le Président
russe et les autres dirigeants du G8 depuis la fin de la guerre au Kosovo.
La reconstruction économique des Balkans occupait également
une place importante dans l'ordre du jour.
2. Avant le Sommet, les dirigeants syndicaux des pays du G8 et des organisations
internationales ont eu deux heures de consultations avec le Chancelier Schroeder. Pour la première fois à l'occasion de ces consultations
avant le Sommet, le gouvernement allemand a émis une déclaration
à l'issue de la réunion qui portait sur les terrains d'entente
entre les syndicats et l'hôte du Sommet. Ces documents sont distribués
aux membres affiliés du TUAC et sont également disponibles
sur le site web du G8 .
3. En présentant la déclaration syndicale écrite
au Sommet de Cologne, la délégation syndicale s'était
fixé quatre objectifs principaux :
- persuader les gouvernements de la nécessité
d'agir avec plus de vigueur afin de développer la demande pour augmenter
la croissance et la création d'emplois particulièrement en
Europe et au Japon ;
- donner la possibilité d'associer davantage le public et les
syndicats au débat sur "l'architecture des marchés financiers
internationaux" ;
- obtenir un allégement beaucoup plus important de la dette des
pays les plus pauvres ;
- et créer un soutien en faveur des normes fondamentales du travail
afin que cette question occupe une place essentielle lors de la réunion
ministérielle de l'OMC à Seattle.
4. Les résultats du Sommet ont été inégaux
sur tous ces points:
Emplois et croissance
5. La déclaration syndicale avertissait qu'il ne fallait pas
être exagérément optimiste au sujet de la reprise économique
mondiale car si les marchés financiers sont actuellement stabilisés,
un tiers du monde est encore en récession avec les conséquences
désastreuses que cela suppose sur les emplois, les niveaux de vie
et la croissance. Le communiqué du G7 préconise de "mener
une politique macroéconomique équilibrée qui soutienne
la demande intérieure et les investissements tout en préservant
la stabilité des prix" (G7, paragraphe 2). Pour les pays émergents
il fait observer que la reprise exige "un environnement international favorable,
caractérisé par une fermeté de la demande intérieure
globale du G7 et par une ouverture des marchés" (G7, paragraphe
3). Mais il n'y a guère eu de détails quant aux mesures à
prendre pour soutenir la demande en Europe et en Asie.
6. Les dirigeants du G8 ont diffusé une "Charte sur les objectifs
et les ambitions pour l'apprentissage à vie". Il s'avère
que celle-ci n'ajoute guère plus aux conclusions de la Conférence
sur l'emploi des ministres du Travail du G8 qui s'est tenue en février
1999 et encourageait une approche de type "partenariat" entre les employeurs,
les gouvernements, les syndicats sur l'ensemble de la question. Le TUAC
suivra l'évolution de cette question avec l'OCDE et le BIAC au cours
des prochains mois.
7. Le communiqué du G8 a rappelé les travaux que doivent
entreprendre l'OCDE et l'UNESCO afin de relever le niveau de la formation
(G8, paragraphe 18).
Réglementation des marchés financiers
8. La déclaration du G7 a adopté une attitude moins activiste
au sujet de la re-réglementation de l'architecture des marchés
financiers que celle des ministres du G7 à leur réunion d'octobre
1998. Le communiqué a officiellement appuyé la mise en place,
à la Banque des règlements internationaux à Bâle,
du Forum pour la stabilité financière. Les ministres ont
approuvé les efforts visant à accroître la transparence
et l'information relative à la politique financière et monétaire
et déclaré que le secteur privé devrait endosser davantage
le risque des prêts non remboursés.
9. Il apparaît maintenant que l'idée d'un "code social"
est passée de la Banque mondiale aux Nations Unies pour en assurer
le suivi et on risque ainsi de la voir tomber dans les oubliettes. En outre,
la question d'une réforme plus radicale du FMI qu'avait préconisé
le mouvement syndical international a été évitée.
Il n'a pas été donné suite à la demande des
syndicats de créer une Commission internationale des marchés
financiers internationaux. Lors des discussions avec le Chancelier Schroeder,
celui-ci a suggéré que le Forum pour la stabilité
financière mis en place à la Banque des règlements
internationaux devrait être l'organe approprié pour mener
un dialogue avec le mouvement syndical. Cette proposition est suivie conjointement
par le TUAC, la CISL et la FIET.
Dette et développement
10. Sur le plan économique, le Sommet a été marqué
essentiellement par la décision de proroger l'Initiative pour les
pays pauvres lourdement endettés dans le cadre d'une importante
initiative d'allégement de la dette. Cette décision a été
prise pour répondre à la campagne très remarquée
menée par la coalition 'Jubilé 2000' au sujet de la dette
et aux appels lancés depuis longtemps par les syndicats pour que
les gouvernements du G8 et de l'OCDE annulent les dettes bilatérales
et permettent aux institutions financières internationales d'en
faire autant dès l'instant que les pays respectent les droits de
l'homme et notamment les droits syndicaux.
11. L'accord final devrait réduire l'encours de la dette des
pays les plus pauvres de quelque 70 milliards de dollars dans l'intérêt
de 36 à 41 pays. S'il est donné suite à cet accord,
il s'agira d'une progression sensible par rapport aux mesures précédentes.
Dans le passé, des mesures en faveur de la dette ont été
annoncées mais, dans la pratique, les pays n'en ont pas bénéficié.
Par ailleurs il y a une variation importante du montant que vont gagner
les pays.
Commerce et mondialisation
12 La déclaration syndicale demandait au G8 de veiller à
ce que la question des normes fondamentales du travail soit à l'ordre
du jour de tout nouveau cycle de négociations commerciales devant
être lancé lors de la réunion ministérielle
de l'OMC à Seattle qui s'ouvrira en novembre 1999. Le G8 a demandé
qu'un cycle de négociations commerciales "larges et ambitieuses"
soit mis en route à Seattle (G8, paragraphe 10). Il a reconnu la
nécessité d'améliorer la transparence de l'OMC et
"de la rendre plus proche de la société civile". Ils ont
également préconisé "au sein de l'OMC, une manière
plus efficace de prendre en compte la relation entre commerce et environnement
et de promouvoir le développement durable et la prospérité
économique et sociale partout dans le monde" (G8, paragraphe
9).
13. Dans une section séparée sur les normes fondamentales
du travail, les dirigeants du G8 ont déclaré "Nous soulignons
l'importance d'une coopération réelle entre l'OMC et l'OIT
en ce qui concerne la dimension sociale de la mondialisation et de la libéralisation
des échanges commerciaux" (G8, paragraphe 26). On peut voir dans
la manière d'aborder cette question une démarche très
hésitante de la part du G8 pour qu'une discussion relative aux normes
du travail soit entamée au sein de l'OMC. La concrétisation
de cette tentative pendant la période préparatoire de la
réunion de Seattle est une priorité absolue pour le mouvement
syndical international.
Sécurité alimentaire
14. En ce qui concerne les questions de santé liées à
la récente contamination des boissons et des aliments, le Président
Chirac (France) a proposé au G8 de créer un nouvel organisme
pour surveiller la sécurité alimentaire au niveau international.
Certaines délégations se sont opposées à cette
proposition en partie à cause des conflits actuels à l'OMC
sur les questions alimentaires. Le Sommet a cependant invité le
"Sous-groupe de travail de l'OCDE sur l'harmonisation de la surveillance
réglementaire en biotechnologie et le Groupe de travail de l'OCDE
sur la sécurité de la filière agro-alimentaire à
entreprendre une étude traitant des incidences de la biotechnologie
et d'autres aspects de la sécurité de l'alimentation". (G8,
paragraphe 43). Par la suite, le Groupe de travail a invité le TUAC
à participer à la prochaine réunion du Groupe de travail
prévue pour septembre 1999 (voir l'Evaluation faite par le TUAC
des résultats de la réunion des ministres de la Science et
de la Technologie, juin 1999).