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"L'OCDE : ENJEUX ET OBJECTIFS STRATEGIQUES"
DOCUMENT DE SYNTHESE PREPARE PAR LE TUAC
En vue de la consultation avec la Commission de Liaison de l'OCDE
22 novembre 1996
Introduction
- Le TUAC se félicite de l'occasion qui lui est donnée
de présenter son point de vue sur la note du Secrétaire général
intitulée "L'OCDE : enjeux et objectifs stratégiques".
Il y a un an, dans sa note "L'avenir de l'OCDE : son rôle et
sa vocation", le TUAC faisait valoir que dans le contexte de la mondialisation,
l'OCDE devait "s'affirmer comme une organisation capable d'établir
à nouveau une relation entre progrès social et progrès
économique". Nous estimons par conséquent que la mission
de l'OCDE doit être de parvenir à concilier développement
économique, progrès social et stabilité politique
dans le contexte des pressions grandissantes de la mondialisation. Nous
estimons, en outre, que les pays de l'OCDE sont au bord de la rupture de
cet équilibre et risquent d'être confrontés à
des réactions populaires pour n'avoir pas suffisamment porté
attention aux facteurs sociaux. Nous sommes nous aussi d'avis que "toutes
les politiques économiques conçues pour favoriser la croissance
économique doivent comporter des objectifs de politique sociale".
- Que faut-il faire ? Telle est la question. La note du TUAC présente
les points de vue que nous recueillons auprès de nos membres sur
le malaise social actuel ; elle se poursuit par une énumération
des priorités que devrait, à notre avis, se fixer l'OCDE
dans ses travaux actuels et futurs pour résoudre ce problème
; et elle se termine par quelques observations relatives au processus de
réforme engagé à l'OCDE.
Recenser les problèmes :- une violente réaction sociale
contre la mondialisation ?
- Des catégories non négligeables de la population des
pays de l'OCDE se rendent compte "que quelque chose va mal" dans
ce monde qui est en train d'être modelé par les forces du
marché mondial. Un abîme est en train de se creuser entre,
d'une part, les intérêts d'élites peu nombreuses et,
d'autre part, les intérêts du reste de la société.
Les premières semblent se mettre à l'écart de la société
et ne pas assumer leurs responsabilités à l'égard
de celle-ci. Quant aux autres, ils se considèrent eux-mêmes
et leurs familles comme les perdants de ce processus de mondialisation.
Ce phénomène entraîne une érosion de la cohésion
sociale et du sens des responsabilités à l'égard de
la société. Cela est à l'origine de la rupture de
l'équilibre du "paradigme triangulaire" décrit
dans la note du Secrétaire général de l'OCDE. Pour
restaurer cet équilibre, il ne s'agit pas de mieux faire comprendre
la logique qui sous-tend les politiques actuelles. Il faut plutôt
intégrer une dimension sociale au processus de mondialisation avant
qu'il ne déclenche une réaction de rejet à l'encontre
du multilatéralisme et une montée de nationalisme économique
et politique.
- Tous les jours, les gros titres de la presse alimentent cette opinion.
Les marchés financiers réagissent négativement à
l'annonce des chiffres satisfaisants de création d'emplois aux Etats-Unis
en invoquant le risque d'inflation en dépit du fait que celle-ci
se situe à son niveau le plus bas depuis plusieurs décennies.
Les actions des sociétés montent lorsqu'elles procèdent
à des licenciements et baissent lorsqu'elles engagent du personnel.
On parle beaucoup de mesures de stimulation pour améliorer l'efficacité
économique. Pour les cadres supérieurs, cela se traduit par
des options d'achat d'actions et de généreuses indemnités
de départ. Mais lorsqu'il s'agit des catégories les plus
vulnérables de la société, cela se traduit par une
baisse des allocations de chômage et des prestations sociales et
par des réductions du salaire minimum. Très souvent, l'OCDE
est présentée comme un partisan enthousiaste de ces méthodes.
- Il existe aussi un risque de polarisation entre les pays. Les budgets
d'aide au développement sont tombés à leur niveau
le plus bas depuis 25 ans et l'aide publique est en passe d'être
remplacée par des flux d'investissement privés. La seule
différence est que ces investissements sont destinés à
un petit nombre de pays relativement riches. Les plus pauvres sont laissés
de côté et restent pris au piège de la pauvreté,
de la famine et des conflits ethniques.
- Les membres des syndicats sont plus directement touchés par
les événements économiques internationaux qu'ils ne
l'ont été au cours de la période récente. Des
avantages acquis au prix de combats difficiles ou de durs sacrifices peuvent
se trouver anéantis du jour au lendemain du fait de l'instabilité
des marchés financiers. Dans l'entreprise, on rappelle quotidiennement
aux travailleurs que les capitaux jouissent d'une mobilité internationale
et qu'il n'en est pas de même du travail. Au cours de leurs négociations
avec les syndicats, les multinationales les menacent de plus en plus fréquemment
de délocaliser leur production. Les actions menées traditionnellement
par les syndicats, par le biais de campagnes visant à déclencher
l'action des pouvoirs publics ou de négociations collectives sont
de plus en plus perçues comme étant assujetties aux événements
internationaux.
- Cependant, ce serait manquer d'objectivité que d'attribuer ces
problèmes seulement à la mondialisation. De même, il
est faux d'affirmer que la mondialisation empêche les pouvoirs publics
de prendre des mesures efficaces lorsque la volonté politique existe.
Les économies de marché doivent être convenablement
gouvernées si l'on veut qu'elles puissent répondre réellement
aux attentes de la société. Ceci est également valable
dans un environnement mondial même si les moyens peuvent être
différents.
- D'un côté, il y a lieu de redonner confiance dans la légitimité
du rôle de l'Etat. De l'autre, il faut mettre en place un système
de gouvernement économique mondial afin d'équilibrer les
marchés mondiaux et d'ajouter une dimension sociale à l'intégration
économique internationale. Pour que le système multilatéral
des échanges et des investissements soit perçu comme un atout
et non comme une menace par les travailleurs, ils ont besoin - et non pas
uniquement les marchés financiers - d'avoir confiance dans des politiques
crédibles. L'OCDE a pour mission d'aider les pays de l'OCDE (c'est-à-dire
l'ensemble de leurs habitants et non pas simplement leurs gouvernements)
à s'attaquer à ces problèmes. Elle doit servir de
contrepoids à la pensée unique qui caractérise l'essentiel
de la réflexion sur la mondialisation.
S'attaquer aux problèmes - les priorités du TUAC pour
l'OCDE
- La note sur les "Objectifs stratégiques" présente
une série d'exemples de problèmes auxquels l'OCDE devrait
s'attaquer. Le TUAC souhaite faire ressortir quatre priorités :
- concilier croissance et équité ; promouvoir les normes
fondamentales du travail ; élaborer un modèle de compétitivité
socialement acceptable ; rétablir le rôle de la gestion des
affaires publiques.
Concilier croissance et équité
- Il est nécessaire de favoriser les politiques économiques
axées sur la croissance. L'OCDE peut jouer un rôle majeur
en encourageant ses principaux membres à se mettre d'accord sur
une coordination de leurs politiques budgétaires et monétaires
en vue d'augmenter la croissance et de diminuer le chômage. L'OCDE
elle-même joue un rôle important dans les anticipations des
marchés financiers. Elle devrait montrer de quelle manière,
en travaillant ensemble et avec le concours des institutions du marché
du travail national, les gouvernements peuvent assurer une croissance économique
à moyen terme supérieure à ce qu'elle est actuellement.
Pour atteindre cet objectif, de nombreux pays membres devraient mettre
en oeuvre des politiques monétaires plus expansionnistes dans de
nombreuses régions de l'OCDE. L'OCDE devrait également faciliter
la conclusion d'accords visant à stabiliser les taux de change et
encourager la coopération afin de limiter les transactions financières
spéculatives à court terme. Il sera alors possible d'entreprendre
l'assainissement des finances publiques qui est très sensible à
la question de l'équité sociale.
- Les questions soulevées dans les paragraphes 16 à 19
de la note et qui portent sur les approches de la politique économique
sont de bonnes questions. Pour y répondre, il ne faut pas se contenter
de répéter les dogmes économiques d'aujourd'hui. Un
réexamen du dilemme inflation-chômage se fait attendre depuis
longtemps. Un grand nombre de ministères, de banques centrales et
d'opérateurs du marché des obligations semblent pris au piège
d'anticipations inflationnistes caractéristiques des années
80 alors que pour les années 90, le danger vient des risques d'anticipations
déflationnistes.
- L'augmentation du chômage n'est qu'un pan de la crise sociale
à laquelle sont confrontés les pays de l'OCDE. Les données
de l'OCDE sur les salaires et la répartition des revenus montrent
l'écart grandissant qui s'est creusé entre les riches et
les pauvres dans les années 80. Ceci est particulièrement
frappant au Royaume-Uni et aux Etats-Unis : ces évolutions risquent
de rejeter en dehors des structures de la société tout un
segment de notre population qui va aller grossir les rangs d'une classe
de pauvres. Il faudrait intégrer un "audit social" dans
toute analyse des politiques.
Promouvoir les normes fondamentales du travail
- La garantie de normes fondamentales du travail doit être l'un
des fondements de l'économie mondiale si l'on veut parvenir à
concilier progrès social et stabilité politique. L'OCDE,
en coopération avec l'OIT et d'autres organisations internationales
peut faire beaucoup pour promouvoir ces normes fondamentales : - en garantissant
ces droits dans les pays de l'OCDE ; en travaillant sur les questions des
échanges, d'investissement et des normes du travail en vue d'encourager
l'adoption d'initiatives au sein de l'OMC ; en intégrant les
normes fondamentales dans l'Accord Multilatéral sur l'Investissement
; et en encourageant leur application par le biais des travaux du Comité
d'Aide au Développement sur le Développement Participatif
et la Bonne Gestion des Affaires Publiques.
- L'OCDE n'est pas simplement une organisation économique mais
une communauté de membres unis par des valeurs communes. C'est pour
cette raison que le TUAC a fait valoir que la République de Corée
devrait, dans le cadre de son processus d'adhésion à l'OCDE,
modifier les éléments fondamentaux de sa législation
du travail qui enfreignent la norme fondamentale de l'OIT sur la liberté
syndicale. Nous espérons que le Conseil de l'OCDE a pris une bonne
décision en acceptant que la République de Corée devienne
membre de l'Organisation. Préalablement à cette décision,
le gouvernement coréen s'est engagé solennellement à
réformer sa législation et sa réglementation actuelles
en matière de relations professionnelles y compris les textes qui
concernent les droits fondamentaux de l'homme comme la liberté syndicale
et le droit de négociation collective, en vue de les harmoniser
avec les normes reconnues internationalement. La demande, formulée
par le Conseil de l'OCDE au Comité de l'Emploi, du Travail et des
Affaires sociales, d'organiser des réunions de suivi, est également
importante. Il est capital que le gouvernement coréen s'attaque
rapidement aux anomalies de sa législation du travail. Le TUAC participera
activement avec l'OCDE ainsi qu'avec ses organisations membres et les syndicats
coréens, à une surveillance étroite des événements.
- La mondialisation confère une importance majeure au travail
de l'OCDE et de l'OMC sur ce que l'on appelle les "nouvelles questions"
concernant les liens entre les échanges et l'environnement, l'investissement,
la propriété intellectuelle, la politique de la concurrence
et les normes du travail. Le rapport de l'OCDE sur les Echanges, l'Emploi
et les Normes du travail, et le séminaire qui s'est tenu ultérieurement
avec des pays non membres a représenté un exemple concret
du travail réalisé par l'OCDE pour aider à dégager
un consensus international. Ce travail montre qu'il existe maintenant un
large accord sur la question des normes fondamentales du travail d'une
portée universelle et que la mise en oeuvre de ces droits peut étayer
le développement économique en assurant un lien plus étroit
entre les marchés et le progrès social. Il fait apparaître
la relation de réciprocité positive qui existe entre les
échanges et les normes du travail. Pour la communauté internationale,
il ne s'agit pas de savoir si ces questions devraient être examinées
par l'OMC mais si elle peut se permettre qu'elles ne le soient pas. Dans
le cadre de ses travaux, l'OCDE a déjà décrit un grand
nombre de mesures ayant des effets sur les échanges, qui sont déjà
en place. Dans ses travaux futurs, l'OCDE pourra contribuer à ce
que ces questions soient abordées de manière constructive
dans le cadre plus large de l'OMC. L'OCDE doit donc poursuivre ses travaux
sur ces questions et unir ses efforts à ceux de l'OIT et de l'OMC
pour parvenir à faire accepter et appliquer les normes fondamentales
du travail dans le monde entier.
- L'achèvement des négociations relatives à la conclusion
d'un Accord Multilatéral sur l'Investissement (AMI) au sein de l'OCDE
représentera un élément supplémentaire très
important dans le système mondial multilatéral d'investissement
qui couvre une grande partie de l'investissement direct étranger.
Par ailleurs, son champ d'application sera beaucoup plus étendu
si, comme prévu, l'accord est ouvert aux pays non membres de l'OCDE.
Ce facteur, conjugué aux manoeuvres entreprises dans certains pays
de l'OCDE en vue d'affaiblir les normes du travail ou d'ignorer les dispositions
des Principes directeurs de l'OCDE à l'intention des entreprises
multinationales, afin d'attirer l'investissement direct étranger,
indique qu'il est essentiel d'inclure les Principes directeurs dans l'AMI.
Le TUAC a montré la manière de procéder tout en maintenant
le caractère facultatif des Principes directeurs. L'AMI devrait
aussi stipuler que les gouvernements ne devraient pas utiliser la suppression
des normes fondamentales du travail pour encourager l'investissement. Le
soutien que peuvent apporter les syndicats à un accord sur l'investissement
est subordonné à la prise en compte satisfaisante des Principes
directeurs et à la garantie des normes fondamentales du travail.
Un "modèle" de compétitivité socialement
acceptable
- Le fait de garantir les droits fondamentaux des travailleurs ne supprimera
pas l'avantage compétitif des pays en développement en termes
de salaires et de conditions de travail. Cela ne supprimera pas non plus
la nécessité, pour les pays de l'OCDE, d'innover et de s'adapter.
Mais cet effort d'adaptation ne doit pas se faire au prix d'une dégradation
du cadre de travail et de vie. Suivre la tendance à la baisse du
marché ne constitue pas une stratégie viable pour l'ensemble
des économies de l'OCDE. L'obsession de la réduction des
effectifs et de la sous-traitance n'incite pas les gens à affronter
le changement avec confiance. L'OCDE doit par conséquent aider ses
membres à élaborer des stratégies permettant de créer
des lieux de travail "très performants" c'est-à-dire
des entreprises, des secteurs, des régions et des économies
qui sont à la fois compétitifs et acceptables du point de
vue social.
- Les résultats de certains travaux récents de l'OCDE vont
dans ce sens : - la nécessité d'investir dans l'éducation
et la formation permanentes (DEELSA) ; les travaux sur l'entreprise flexible
et la main-d'oeuvre extrêmement qualifiée qui occupe des postes
élevés de responsabilité (DSTI et DEELSA) ; l'association
de la compétitivité et de la responsabilité des entreprises (DSTI) ; la régionalisation et la mondialisation (Centre de
développement) ; la société mondiale de l'information (DSTI) ; le partenariat pour un développement durable et les questions
d'hygiène et de sécurité sur le lieu de travail (Environnement)
; le partenariat pour la gestion du changement dans le secteur public (PUMA)
; et les districts industriels et la création d'emplois locaux (Service
du Territoire).
- L'ensemble de ces domaines de travail constituent un modèle
de gestion du changement sur les marchés du travail et dans les
organisations, très différent de celui qui a été
mis en exergue dans les Recommandations sur les différents pays,
formulées dans l'Etude sur l'Emploi. Ces travaux devraient être
harmonisés pour offrir une nouvelle vision de la gestion du changement.
Ils possèdent comme caractéristique commune de redonner aux
gens une certaine maîtrise de leur vie professionnelle, ce qui leur
permet "d'aborder le changement avec confiance" au lieu de "le
redouter".
Rétablir le rôle de la gestion des affaires publiques
- Les questions posées dans la note traitant des "Objectifs
stratégiques" quant au bien-fondé des politiques budgétaires,
là aussi sont bien posées. L'obsession de la réduction
des effectifs du secteur public a entraîné un coût social
élevé et détourné l'attention de la nécessité
d'améliorer le fonctionnement du secteur public et des marchés.
Il est exact de présenter de nombreuses réformes comme étant
"davantage axées sur les intérêts des marchés
financiers internationaux que sur les objectifs sociaux à moyen
et plus long terme de leurs sociétés respectives" (paragraphe
17).
- Les futurs travaux de l'OCDE portant sur des questions comme la réforme
de l'Etat providence, la gestion du secteur public et la réforme
des systèmes éducatifs seront appréciés pour
autant qu'ils permettront de renforcer l'objectivité de l'OCDE après
avoir, une décennie durant, "réduit le rôle de
l'Etat". Les réunions ministérielles d'experts qui se
sont tenues en 1996 ont fait apparaître la nécessité
de modifier l'approche de "partenariat". Il faut maintenant travailler
dans ce sens.
Le processus de réforme de l'OCDE
- Lors de la réunion du Comité de Liaison, en 1995, le
TUAC avait attiré l'attention sur certains atouts propres à
l'OCDE :
| Elle se compose d'un groupe de pays qui sont des économies de
premier plan possédant plus de similitudes que de différences
au niveau de leurs structures politiques, économiques et sociales.
Pourtant elle acquiert une dimension mondiale et peut servir de catalyseur
pour assurer une gestion plus efficace du système économique
mondial. |
| Elle représente pratiquement tout l'éventail des ministères
et des domaines d'action des pouvoirs publics ce qui lui permet de résoudre
les problèmes de communication et d'incohérence des politiques
et d'adopter une approche multidisciplinaire. |
| Tout en étant un organisme intergouvernemental, l'OCDE a l'occasion,
par l'intermédiaire du TUAC et du BIAC, d'associer à ses
travaux les partenaires sociaux et pas seulement les gouvernements. |
La note sur les "Objectifs stratégiques" signale que
les Directions de l'OCDE seront restructurées. Sur fond de restrictions
budgétaires et de redéploiement de ses ressources, des pressions
s'exercent inévitablement en vue de réduire la diversité
des activités et de se focaliser sur un ensemble de priorités
fondamentales. S'il est probable que certaines activités sont superflues,
il y a aussi un risque d'aboutir à une rationalisation excessive.
Il faut prendre soin de conserver au sein de l'Organisation des unités
qui soient capables d'agir de leur propre chef comme catalyseurs des actions
menées dans des domaines d'action essentiels au lieu de tout englober
dans le cadre de la "politique structurelle". L'environnement
en offre un exemple.
En ce qui concerne les activités d'ouverture vers l'extérieur
menées par l'OCDE et les négociations relatives à
l'adhésion de nouveaux membres, il faudrait tirer les enseignements
des programmes existants. Lorsqu'elle élabore des programmes de
coopération avec des pays partenaires, l'OCDE doit bien préciser,
dès le début, qu'il existe un menu complet d'activités
de l'OCDE et pas simplement un choix "à la carte". L'intérêt
des programmes d'ouverture n'apparaîtra que si une évaluation
d'ensemble est réalisée dans ce contexte. Les efforts entrepris
récemment à la Banque mondiale pour effectuer des audits
internes critiques des effets de ses politiques pourraient servir de modèle
à l'OCDE. A l'heure actuelle les programmes de coopération
de l'OCDE donnent l'impression d'être menés au coup par coup.
En dépit de dotations budgétaires importantes destinées
aux activités du CCET (Centre pour la Coopération avec les
Economies en Transition), depuis 1990, il n'a pas encore été
procédé à une évaluation stratégique
associant tous ceux qui sont concernés par le processus de transition.
Les ateliers organisés avec les économies dynamiques non
membres (EDNM) dans le cadre du dialogue sur l'action se sont trop focalisés
sur les questions de libéralisation des échanges et d'investissement
et ne donnent qu'une idée incomplète du travail de l'OCDE
et des liens existant entre les différentes politiques. La réussite
relative de l'Atelier sur les Normes du Travail montre ce que l'on peut
faire sur une plus grande échelle. Il en est de même pour
ce qui est du Forum pour les Economies de marché émergentes (EMEF) auquel ont participé des pays encore plus divers.
Dans les départements de l'OCDE, il y a lieu de diversifier
davantage les opinions en matière d'économie. Si l'on veut
que d'éventuelles recommandations emportent l'adhésion générale,
il faut débattre plus ouvertement des divergences en matière
d'analyses et de recommandations sur l'action à suivre. L'OCDE devrait
déployer plus d'efforts pour faire connaître et présenter
d'autres possibilités d'analyse des problèmes essentiels
au lieu de se contenter de rappeler la pensée unique.
Le TUAC souhaiterait répéter quelques-unes des recommandations
qu'il a formulées il y a un an eu égard au traitement de
l'analyse microéconomique et de la politique structurelle. Au niveau
national, les ministres des finances et de l'économie ont joué
le rôle principal dans la définition des stratégies
de politique économique. La prédominance du Comité
de Politique économique (CPE), du Comité EDR (Comité
d'Examen des Situations Economiques et des Problèmes de Développement)
et du Département des Affaires économiques (ECO) à
l'intérieur de la structure de l'OCDE en est le reflet. Le TUAC
estime que la responsabilité principale de la politique structurelle
devrait incomber aux départements spécialisés qui
bénéficient des compétences d'experts et où
les conséquences pratiques et les différentes options en
ce qui concerne l'action à suivre peuvent être identifiées
plus clairement. L'ECO, le CPE et le Comité EDR pourraient, le cas
échéant, tirer parti de ce travail en procédant à
l'évaluation des interactions de la politique macroéconomique
et de la politique structurelle.
Si l'OCDE doit dispenser davantage de conseils spécifiques aux
pays sur la politique à suivre et jouer un plus grand rôle
de surveillance politique, dans le cadre d'une extension des activités
du travail horizontal, il sera alors nécessaire de procéder
à une importante restructuration du fonctionnement du Comité EDR. Au lieu d'avoir des chapitres sur la politique structurelle se présentant
comme des recommandations nationales pour la mise en oeuvre d'une stratégie
générale, il faudra élaborer des textes conçus
spécialement pour s'adapter aux conditions spécifiques des
pays concernés et mettre à profit les connaissances des comités
spécialisés. Par conséquent, le Comité EDR
devrait être remplacé par un comité élargi,
servi par une unité de coordination générale constituée
de bureaux géographiques sans lien avec un département particulier
et s'orienter vers un travail pluridisciplinaire.
Le TUAC a proposé, pour ce qui est du suivi de l'Etude sur l'Emploi,
que les syndicats soient invités à faire part de leurs commentaires
sur les recommandations concernant l'emploi avant, plutôt qu'après
la publication des Examens par pays. Si les partenaires sociaux avaient
l'occasion d'exprimer leurs commentaires au moment de la préparation
de ces examens, ils pourraient être incités à soutenir
davantage les recommandations de l'OCDE.
La note sur les "Objectifs stratégiques" accorde une
place essentielle aux activités horizontales. Le TUAC a accueilli
avec satisfaction l'approche ouverte et novatrice du Secrétariat
l'invitant à donner son opinion à propos du Programme horizontal
sur la réforme de la réglementation. Ce serait un modèle
intéressant à suivre pour les futurs travaux menés
dans une optique horizontale. On peut espérer, dans l'ensemble,
que cela permettrait de réduire le formalisme de certaines consultations
courantes et d'avoir une participation plus interactive avec les organes
de l'OCDE.
La note énonce la nécessité de développer
la communication et le dialogue entre l'OCDE et toutes les parties intéressées
de la société civile. Pour ce qui est du TUAC, sa participation
aux discussions de l'OCDE pourrait être renforcée de la manière
suivante :
| en organisant des séminaires et des tables rondes de l'OCDE,
au niveau national, auxquels le TUAC serait invité ; |
| en invitant les porte-parole des représentants des syndicats
aux réunions des Comités et sessions ministérielles
; |
| au niveau national, en associant de manière plus intensive les
syndicats aux consultations menées sur les recommandations concernant
les différents pays ; |
| en utilisant davantage et de manière plus active le Programme
Travailleurs/Employeurs. |
Le TUAC est disposé à travailler avec l'OCDE pour faire
en sorte que les initiatives ci-dessus s'insèrent dans un véritable
programme qui permettrait d'associer plus étroitement le TUAC à
un plus grand nombre d'activités de l'OCDE.
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